LE TRIPLE KARMA (TRIKARMA)


 

Dans la Bhagavad Ghita, lorsqu'Arjuna mène la guerre contre ses cousins les Kauravas (cf Mahabharata), il fait face à de nombreux doutes, et recherche l'action juste dans un contexte très contradictoire et difficile.

Krishna (le 8 ème avatar de Vishnu) le guide et le conseille, et lui explique notamment comment l'action juste peut être réalisée si l'on est en adéquation avec son dharma (sa mission, sa légende personnelle).

Mais pour agir "juste" il est préférable de bien comprendre le fonctionnement de la loi du karma ou loi des causes et des effets.

 

En effet, qui agit? Et à quel niveau agir? Est-ce que l'action est action ou ré-action?

Les événements extérieurs sont-ils réellement extérieurs?

 

 

 

L'homme (jivatman) est un amas d'énergies (particules et ondes) sous-tendu par des fonctions de manifestations communes (gunas), et participe donc à son niveau à la loi de manifestation causale (karma).

 

C'est donc sous l'angle particulier de la relation de l'homme (individu) à la loi du karma (loi générale des causes et effets) que Krishna va s'adresser à Arjuna et lui expliquer les trois "karmas", ou plutôt, les trois états du karma (tri-karma)

 

    •   sanchita karma

    •   prarabdha karma

    •   agami karma

 

On suppose dans cette approche anthropomorphisée du concept de karma que l'observateur (l'individu) est le support du processus karmique, et on va donc l'illustrer en fonction de l'écoulement temporel de sa vie.

 

  • Le sanchita karma représente tout ce qui a été programmé dans le passé et qui n’a pas encore manifesté ses fruits,
  • Le prarabdha karma, c'est la récolte, qui arrive maintenant. On verra qu’il y a trois sortes de prarabdha karma
  • L’agami (ou kriyamana) karma est celui que l’on sème soit en réaction au prarabdha karma soit ex nihilo.

 

 

C'est lors de l'échéance (donc du prarabdha karma) que l'être a le "choix" dans son action: action pure, juste (appropriée), en pleine conscience, non conditionnée par des programmations passées, ou "ré-action" conditionnée, dictée par des principes, préjugés, peurs, névroses, programmes, vasanas, kleshas, etc...

 

L'action pure - consciente, non polluée, libre - étant juste (appropriée), ne produit pas de karma individuel additionnel (agami karma). C'est l'essence du dharma.

 

Par contre l'action réactionnelle, émotionnelle, conditionnée, projective, ravive une mémoire et la renforce.

C’est cette reconduction des mémoires (des vasanas) pour une prochaine fois qui prend alors le nom d'agami karma, où la création d'une autre impression (samskara) va être stockée dans le chitta qui est la "substance" du manomayakosha

NB : le manomayakosha est l'une des 5 couches constitutives du composé humain (jivatman), et l'un des trois éléments du corps subtil - sukshmasharira - composé du pranamayakosha - énergie- , du manomayakosha - mental -et du vijnanamayakosha - intellect supérieur).

On recrée, on re-fabrique des conséquences liées à notre histoire individuelle.

En alimentant ainsi ce que l'on pourrait appeler "la pompe à karma", on ne risque pas de quitter le cycle des "renaissances", le samsara, ni d'atteindre la délivrance, (moksha) dans cette vie…

 

 

En résumé, le seul moyen d’alléger notre dépendance au cycle sans fin du samsara, c'est-à-dire la répétition des conditions qui ont formaté notre individuation, est d’atteindre moksha, et cela ne peut se faire qu’en diminuant la force des mécanisme de dépendance au processus cyclique, et il n’y a que sur le prarabdha karma qu’il est possible de faire quoique ce soit, puis que le sanchita appartient au passé et l’agami au futur.

 

C’est donc dans le contrôle du prarabdha karma que se trouve la clef de l’état an-agami (an = non, sans, privatif), facilitateur de l’accès à la libération, moksha)

 

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